dimanche 10 octobre 2010

Jaunes - Ordre nouveau ?, Bucquoy et Tito, 1981

Au carrefour du fantastique, du policier de l'histoire et de la psychanalyse, voici une bande dessinée qui tranche radicalement sur les publications de l'époque. Une oeuvre dense et lourde ou la politique et histoire se mêlent à l'intrigue à travers le passé comme le présent.

On peut même la considérer comme une oeuvre prémonitoire de la situation actuelle en Belgique. Ce pays bilingue, issu du mélange de deux cultures Flamande et Wallonne , qui est toujours en quête de son identité et dont la capitale est aussi celle de l'Europe. 

Située dans les années 80 marquées par la crise ou l'on assiste déjà à la montée des mouvement néo-fascistes (en Allemagne, en Italie et bientôt en France), cette série marque son temps en mettant en parallèle les années 30 avec la période actuelle.  S'appuyant sur une documentation riche et un souci du détail permanent elle évoque les tourments de tout un peuple au travers d'un anti-héros, Daniel Jaunes, jeune inspecteur de police au physique banal et qui semble subir les évènements. C'est au travers de lui que l'intrigue se noue.

Relativement méconnue, sauf des amateurs de BD, la série "Jaunes" est parue dans Circus, le mensuel des Editions Glénat.

Partant d'un postulat simple :  La réception quarante ans plus tard d'une carte à son nom du parti Rexiste (mouvement nationaliste  Belge proche des fascistes Italiens, Espagnols et qui collaborera avec les nazis), notre personnage se trouve alternativement projeté avant guerre au coeur de  la  propre histoire de sa famille qui rejoint celle du pays tout entier, et témoin de son temps.

Comment décrire Daniel Jaunes ? Ce n'est pas un héros. Plutôt l'inverse. Un physique banal, une propension à subir les évènements plus qu'il ne les provoque, torturé par son passé et pourtant attachant dans sa quête qui le mènera au bout de sept albums jusqu'à sa renaissance.


samedi 25 septembre 2010

A venir dans le passé : Daniel Jaunes

A l'heure ou la Belgique se déchire entre Flamands et Wallons, entrez dans le monde de Daniel Jaunes.

Une BD visionnaire à mi-chemin entre policier et fantastique ou les démons du passé côtoient ceux du présent.

Vous découvrirez que la BD Belge, ce n'est pas seulement Tintin ou Spirou

Le 10 octobre à 00h01 

lundi 20 septembre 2010

Ric Hochet - Rapt sur le France, Tibet et A.P. Duchateau, 1968

Les fans de Ric Hochet vous le diront. Un des plaisirs que l'on a à sa lecture consiste dans l'hommage et l'association de divers personnages issus d'horizons aussi variés que le roman, la télévision ou le cinéma. Un superbe cocktail qui devient détonnant grâce à la qualité des scénarios.

Jugez plutôt :

  • Son nom, en forme de jeu de mots, fait irrésistiblement penser à Rouletabille, autre journaliste et détective amateur. 
  • Ses traits, tout au moins dans les premiers albums ou le style n'est pas encore tout à fait affirmé, le font ressembler à Jean Marais. Au fil des albums son coté ado fera place à un jeune homme plus en phase avec son époque.
  • Son ami, le commissaire Bourdon dont l'attitude, le nom et le juron préféré : "Bonsoir de Bonsoir" évoquent le commissaire Bourrel de la série TV "Les 5 dernières minutes" et son fameux "Bon sang ! Mais c'est bien sur !" 
  • L'adjoint de Bourdon, l'inspecteur Ledru qui figure honorablement l'inspecteur Lucas de Maigret. 
  • Sa voiture dans "Rapt sur le France" album fil conducteur de cette chronique, est une Volvo P1800 identique à celle de Roger Moore dans la série "Le Saint" ( D'abord propriétaire d'une Porsche 356, Ric gardera sa P1800 jusqu'au 11ème épisode avant de revenir à une 911 Targa).

Tibet et Duchateau ont réussi un vrai tour de force en associant ces ingrédients connus pour en faire une recette originale à base d'enquêtes aussi réalistes que captivantes et ou les pistes et les suspects se croisent et se multiplient à loisirs.

Tenant de la ligne claire, la finesse du trait de Tibet, sa maitrise du cadrage et la minutie des décors (notamment grâce à Mittei) sont un véritable régal alliant le charme de la reconstitution à la vivacité de l'action.  Certes, les puristes relèveront que certains détails dénotent parfois quand les scènes se déroulent à Paris siège du journal "La Rafale" de Ric Hochet et du 36 Quai des orfèvres ou émarge le commissaire Bourdon, et semblent plus évoquer la Belgique toute proche mais c'est souvent d'ailleurs le lot de la B.D franco-belge.

Un dessin qui accompagne et met en valeur les énigmes à tiroirs et les renversements de situations concoctés par André-Paul Duchateau et ou chaque détail compte et devient un élément de l'histoire. Mené de main de maître, le scénario ne laisse pas le temps de respirer et enchaîne fausses pistes, et rebondissements.

"Rapt sur le France" (1) est paru en album en1968 après une publication dans "Tintin" . Il s'agit là de la sixième aventure de Ric Hochet. Un album intéressant parce qu'il marque l'introduction d'un nouveau personnage récurrent dans la série : le Professeur Hermelin. Ce scientifique de renom est un contre pied total aux autres savants de Bande Dessinée. Arrogant, antipathique, altier, volontiers cassant et surtout comme on le découvrira au fil des autres titres d'une couardise à toute épreuve. Il déteste cordialement le commissaire Bourdon et leurs prises de bec régulières rajouteront une note d'humour dans cet épisode ainsi que dans les suivants ou il apparaît.

L'autre acteur et non des moindres de cette aventure est tout simplement le paquebot France. Ce magnifique Transatlantique lancé en 1962 est alors le fleuron de tout un pays et déchainera lors de son désarmement en 1974 une vague d'émotion immense. Symbole, tant du luxe que du bon goût à la française, il reliait en cinq jours Le Havre à New-York. Las, les progrès de l'aviation notamment avec les Boeing 707 à réaction,  puis les 747 (mis en service en 1970) , la rude concurrence du Queen Elizabeth II dès 1969, et la crise pétrolière de 1973 auront raison de lui et mettront un terme cet age d'or des croisières. Il faut savoir que dès 1965, son exploitation était déficitaire, le nombre de passagers déclinant, et ne devait sa poursuite qu'a des subventions de l'Etat.

C'est l'occasion ici de le parcourir et de le visiter tant les détails foisonnent et la reconstitution fidèle. Que ce soit des ponts, de la verrière au dessus de la piscine, des bars, des cabines, de la salle de spectacles et bien sur du restaurant (le menu nous y est détaillé) sans oublier la nursery ou Bourdon s'égare régulièrement. On trouvera même sur deux pages (24 et 25 ) un éclaté du bateau. Outre le coté publicitaire, n'oublions pas que la BD de l'époque se devait aussi d'être pédagogique.

C'est donc dans ce huis-clos que se déroule la majeure partie de cette histoire entamée à Paris. Le France recelant mille cachettes devient ainsi le décor fabuleux d'une partie de cache-cache et le théâtre de poursuites et de rebondissements ou des malfrats dotés d'un arsenal à la James Bond (pistolet appareil photo, pipe couteau ou briquet lacrymogène) apparaissent et disparaissent. L'aventure se terminera à New-York dont on verra peu de choses. A noter pour les amateurs d'automobiles les Ford, Pontiac et autres Mercury typiques de ces années là ainsi que style très "French Connection" des malfrats.

"Rapt sur le France" est un bel album qui nous fait voyager dans le temps au travers d'une époque révolue. Le tout avec une intrigue bien ficelée alliant humour et rebondissements. Un album que l'on relit avec un plaisir teinté d'un peu de nostalgie.



(1) Synopsis. Alors qu'il se prépare à partir en vacances, Sigismond Bourdon se voit donnéer l'ordre de servir de garde du corps à un éminent scientifique le Pr Hermelin qui doit se rendre à un congrès à New York. Sa bouderie s'atténue lorsqu'il apprend qu'il doit veiller sur lui pendant une croisière sur le France. Accompagné de Ric Hochet qui couvre l'évènement pour "La Rafale" il s'embarque pour une croisière qui ne sera pas de tout repos. D'attentats entre Paris et le Havre jusqu'au dénouement aux Etats-Unis, les pièges abondent tandis qu'Hermelin disparait mystérieusement à bord du paquebot et reste introuvable.

mercredi 15 septembre 2010

A venir dans le passé : Ric Hochet

Il est journaliste à "La Rafale". Il est aussi détective amateur. Il est l'ami du Commissaire Bourdon dont le juron favori est...


"Bonsoir de bonsoir !, Mais c'est Ric Hochet !"


Préparez vous à embarquer sur le France, lors de la prochaine parution de Comics Oldies. Le 20 septembre très exactement à 00h01

vendredi 10 septembre 2010

Michel Vaillant - Série noire, Jean Graton, 1973

©® Graton Editeur™
Vrrroooaaaw !!! Ca y est les bolides se sont élancés, Michel Vaillant est bien sur en pole position...
On ne saura sans doute jamais combien de vocations et de carrières dans l'automobile, sont nées là, dans le bruit des moteurs rugissants de la BD de Jean Graton. Combien de futurs concurrents de la Coupe 104 ZS ou des Formules Renault, combien de motoristes, de mécanos, et plus simplement d'amateurs de voitures ont été marqués par ce héros. Il est rare qu'un personnage "d'illustrés" suscite un tel engouement.

dimanche 5 septembre 2010

A venir dans le passé : Michel Vaillant

Circuit de "Comics Oldies"


Michel Vaillant est en pole position.


Départ du grand Prix le 10 septembre à 00h01

dimanche 29 août 2010

Natacha - Hôtesse de l'air, Walthery et Gos, 1971

Dans les années 70 il y avait deux bonnes raisons pour les petits garçons de l'époque de vouloir monter dans un avion. La première c'était en tant que pilote de chasse, version Tanguy et Laverdure ou Buck Danny, l'autre c'était en tant que passager chouchouté par Natacha.

Natacha...La pionnière des personnages féminins dans un univers qui tournait principalement autour de héros au regard et à la mâchoire d'acier. Ceux la qui vivaient des aventures extraordinaires dans un monde ou les rares femmes étaient leur logeuse, leur secrétaire ou quelconque autre poste de figuration...Eternelle amoureuse par exemple, mais exemplaire et pas sexy pour deux sous.

mercredi 25 août 2010

A venir dans le passé : Natacha hôtesse de l'air

Et le 30 août, j'enlève le haut...
Embarquement immédiat sur "Comics Oldies " avec Natacha, la plus sexy des hôtesses de l'air et dont c'est la fête aujourd'hui

Décollage le 30 août 2010 à 00h01

vendredi 20 août 2010

Rahan - Territoires interdits, Lecureux et Cheret, 1974

Quel est le petit garçon d'environ dix ans dans les années 70 qui n'a pas le souvenir de Rahan ?
A priori, aucun tant il est vrai que si de nombreux héros ont marqué notre jeunesse, "le fils de Craô" fait partie de ceux qui ont laissé l'empreinte la plus forte.

"Rahan, fils des ages farouches". Une période, la préhistoire rarement mise en valeur dans la B.D. et ce encore de nos jours. Une gageure quand les années 70 étaient plus propice aux histoires contemporaines, aux aventures mettant en scène la dernière guerre ou simplement ,sous des atours pseudo-historiques ,se livraient joyeusement à une critique ironique de la société d'alors. Ce furent la dans ce post 68 des années de foisonnement, de bouillonnement créatif et prolifique qui ont amené la Bande Dessinée du stade "d'amusement pour paresseux" à celui d'art graphique.

mardi 17 août 2010

A venir dans le passé : Rahan

Rahan, fils des ages farouches.

Le fils de Craô, arrive dans la tribu de  Comics Oldies.

Exactement le 20 août 2010 à 00h01

mercredi 11 août 2010

Sambre - Plus ne m'est rien, Yslaire et Balac 1986

« Yslaire est malade…malade de perfection ». C’était ainsi qu’en 1985 dans un article de « Circus », le mensuel des éditions Glenat, on avait eu droit à ces excuses un peu alambiquées pour justifier le retard pris dans la parution des planches, et calmer la frustration des lecteurs (forcément) déçus.


 Cette saga est d’abord une œuvre monumentale en vingt et un titres répartis en deux séries : « Sambre », découpée en trois générations de quatre titres chacunes, dont cinq seulement sur les douze prévus sont parus entre 1986 et 2003(*), et « La guerre des Sambre » antérieure chronologiquement, mais éditée à partir de 2007 et dont trois albums sur les neuf annoncés,  découpage en trois époques cette fois, sont disponibles à ce jour.

Au bout de vingt-quatre ans, huit albums édités…et treize à paraître.  C’est peut-être le prix de la perfection que l’on découvre dans « Plus ne m’est rien » (**).

dimanche 1 août 2010

Blake et Mortimer - La Marque Jaune, E.P. Jacobs 1956

Il y a dans toute bédéthèque un album majeur. Un de ceux qui restent dans les souvenirs et qui, consciemment ou non, ont marqué notre jeunesse. Pour beaucoup d'entre nous, cette marque est jaune et prend la forme de la lettre grecque "µ". Il s'agit du sixième album de Blake et Mortimer mais seulement de leur troisième aventure. C'est ainsi que s'opère le premier tournant dans l'oeuvre d'Edgar P. Jacobs. Il y en aura d'autres dans cette B.D comme nous allons le voir.

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Jusqu'ici, les deux premières histoires (Le Secret de l'Espadon et Le Mystère de la grande pyramide) s'étaient déclinées en trois tomes pour l'une (*), en deux pour l'autre. Ici, l'intrigue est resserrée en un seul album contractant également la notion de temps et de lieu et la rendant encore plus nerveuse. Les albums suivants ne dérogeront pas à cette règle à l'exception du dernier, "Les 3 formules du professeur Sato", paru vingt ans plus tard et dont seul le premier épisode sera signé de l'auteur, avant d'être achevé, après sa mort, par le regretté Bob de Moor bien plus tard encore.
Autre tournant, et non des moindres, nous ne sommes plus dans les grands espaces et l'unité de temps fictive (la 3ème guerre mondiale), ni dans l'espionnage et la résistance, et encore moins dans la quête ésotérique au coeur de l'Egypte qui caractérisaient les titres précédents. L'action, ici, se déroule dans le Londres de 1953(*) peu avant Noël, dans une réalité noire et pluvieuse, la majeure partie de l'album étant dessinée de nuit. Une nuit angoissante qui fait contraste avec les scènes d'intérieur vivement éclairées et renforçant encore le coté polar(**) des scènes. Comme d'habitude, on trouvera des rebondissements à chaque page, le découpage imposé par la parution hebdomadaire imposant de tenir le lecteur en haleine à chaque planche.

samedi 31 juillet 2010

Bientôt sur vos écrans : Comics Oldies


"Aaaah ! Je ris de me vois si belle en ce miroir !", "Roooognnetudjuuuuuuuu", "Par Toutatis", "Par Horus ! demeure !", "Bonsoir de bonsoir ! "....et tant d'autres phrases cultes ou onomatopées échappées des bulles de notre enfance.
"Comics Oldies" ce sera un peu tout cela. Une nouvelle rubrique dédiée à ces bandes dessinées (publiées il y a entre 10 et 40 ans) qui 
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ont bercé notre jeunesse, nous ont fait rire, vibrer, apprendre... et qui sont devenues aujourd'hui cultes ou nous rendent simplement nostalgiques. De Michel Vaillant à Blake et Mortimer, de Spirou à Mr Magellan, de Daredevil à Daniel Jaunes, de Rahan à Achille Talon ou 
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encore de Corto Maltese à Bruno Brazil en passant par d'autres oeuvres connues ou méconnues, "Comics Oldies" se veut une promenade dans un album emblématique (ou pas) d'une série ou d'un auteur, à travers le prisme de l'époque lors de sa parution...
Sans prétention. Juste pour le plaisir.
A bientôt pour la première balade consacrée à "La Marque Jaune" d'Edgar P. Jacobs.
Serval 
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